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L’étude de l’AREMIP (1996)

La mouillère de Trébons

 Présentation générale

 La station botanique de Trébons de Luchon est connue depuis le 19ème siècle pour l’originalité de sa flore et en particulier pour la présence de la Lysimaque éphémère (Lysimachia ephemerum L. anciennement L. otani Asso.). Au delà des notes de botanistes qui la concernent, elle a fait l’objet depuis plusieurs années de visites régulières par des botanistes, au premier rang desquels il faut citer G. DUPIAS, qui nous l’a fait connaître.

 1 – Localisation et organisation du site

La mouillère de Trébons est disposée en balcon au-dessus de l’entrée de la vallée du Larboust et de la vallée d’Oueil, au-dessus de Bagnères de Luchon. Elle est orientée au sud-ouest et située entre 840 et 900 mètres d’altitude, au-dessus de la D. 51 a. qui permet d’accéder aux villages de Trébons et de Cazaril.

Ce marais se compose de deux unités mouilleuses très proches, la plus à l’ouest est issue de la fontaine ferrugineuse et débute à la hauteur du sentier d’accès. L’autre vient d’une source localisée à l’Est, plus haut en altitude, qui crée d’abord deux écoulements et génère deux langues de mouillères au-dessus du sentier, qui se réunissent plus bas pour former la seconde unité.

Chacune a une forme oblongue due aux divagations des écoulements chargés de calcium qui déposent leurs concrétions ça et là et doivent ensuite changer de direction pour s’écouler vers le bas. La surface des milieux ouverts au centre de ces unités est respectivement de 15 et 25 ares.

 2 – Géologie – pétrologie

Cette mouillère est localisée dans des terrains schisteux à calschisteux adossés aux calcaires de l’Anténac qui donnent probablement aux eaux de ses sources leur richesse en calcium.

 3 – Végétation et unité naturelle

La végétation classique de cette partie de la vallée est constituée d’un bocage de montagne (Chêne pubescent sur les endroits secs, Chêne sessile et Frêne élevé ailleurs) actuellement en voie de dégradation du fait de la déprise pastorale.

Pour cette région, DUPIAS et REY (1985) distinguent dans le « document pour un zonage des régions phyto-écologiques » les unités suivantes :
– Le Bassin de la Pique : dont la végétation est constituée de Chênes dans le bas, de Sapins abondants ; on note des pins à crochets disséminés.
– La vallée de la Barousse : avec surtout des hêtraies ; on note des stations de plantes méridionales en altitude.

La station est une singularité, par rapport à ces unités, mais dans l’ensemble, elle se rattache par ses composantes aux autres mouillères calciques connues du secteur (Portet de Luchon, Argut-Dessous, Hospice-de-France, Gouaux-de-Luchon, Eget, …) avec une tonalité très méridionale due à Lysimachia ephemerum, L. et dans une moindre mesure à Cirsium Monspessulanum (L.) Allioni, que l’on peut rapprocher de la présence au voisinage d’autres végétaux thermophiles, notamment à Cazaril-Laspennes, Thymus vulgaris L., Jasminium fruticans L. et Cheilanthes fragans (L. fils) Swartz, … etc.

Un regard plus précis sur la zone nous montre une succession des milieux suivants :
– pelouse sèche sur rendzine et rochers,
– zones boisées peuplées de feuillus divers,
– mouillère calcique de pente, occupée par divers stades de colonisation par les végétaux.

Les autres tourbières et mouillères du secteur sont :
– mouillère calcique de Portet de Luchon
– bas-marais acide de Jurvielle
– prairies marécageuses de Benqué
– rochers suintants du « Mont Saint-Aventin »

Fonctionnement – hydrologie

Cette mouillère est alimentée par plusieurs sources à débit faible mais assez constant. En été certaines petites rigoles voient leurs écoulements diminuer sans que le sol arrête d’être détrempé.

On trouve dans le boisement entre les deux unités de mouillères des vestiges secs de cratoneuron « pétrifié » par les calcaires des sources. Il semble que cela corresponde à des changements de lits des écoulements, dus aux mécanismes d’édification de ces sources pétrifiantes.

L’ensemble des terrains en prairies et certaines parties marginales des boisements ont leurs sols perpétuellement gorgés d’eau, même si des écoulements de surface ne sont pas toujours perceptibles.

On peut noter un effet de filtre ou de tampon des systèmes édificateurs. En effet quelques mètres en aval de la source ferrugineuse, toute trace de fer a disparu.

Acteurs et usages

1 – Implantations

Le site est occupé par plusieurs infrastructures d’origine humaine :
– la route reliant Trébons de Luchon et au-delà Cazaril-Laspenes ;
– une ligne électrique moyenne tension qui surplombe la partie aval de la mouillère et dont deux poteaux sont implantés dessus ;
– un sentier de petite randonnée, qui dessert la fontaine ferrugineuse où sont installés une table en rondins et des bancs ; le sentier n’est pas entretenu au-delà.

La gestion de ces infrastructures est à la charge de trois organismes différents.

La route est gérée par le  service départemental de l’Equipement (subdivision de Bagnères de Luchon) qui entretient le talus qui constitue le bas de la mouillère par un passage d’épareuse en juillet suivi d’un éventuel autre passage dans l’année en cas de besoin.

L’emprise de la ligne électrique fait l’objet d’un entretien périodique qui consiste à couper les ligneux à leur base en les abandonnant sur place. Cet entretien peut être réalisé tous les 3 à 5 ans et est généralement effectué par une entreprise d’entretien forestier.

Le sentier de randonnée a été récemment fléché et il est entretenu dans le cadre de la contractualisation, communes Conseil Général de Haute-Garonne. L’équipe d’entretien dépend du SIVOM du Luchonnais. Elle dégage les ligneux sur le sentier et réalise de petites rigoles là où les écoulements des sources sont les plus évidents.

La fréquentation touristique du site n’a pas d’impact négatif.

2 – Agriculture – pastoralisme

L’usage pastoral est perdu depuis de nombreuses années et le maire âgé d’une soixantaine d’années et ayant passé sa vie sur place, se souvient que seulement dans son enfance, un troupeau de brebis qui empruntait le sentier d’Artigue-Bajard pour aller vers des prairies situées plus au nord sur Saccourvielle.

Un enclos parfois pâturé par un cheval est situé plus près du village.

L’article de GARROUTE suggère qu’en 1864 la situation était différente et que les prairies du secteur, y compris celles recélant la Lysimiaque éphémère, étaient fauchées aux alentours du mois de juillet.

On peut estimer que l’usage pastoral est perdu sur le site depuis au moins quarante à cinquante ans. Le site n’est pas considéré comme propice et il n’y a plus de troupeaux au village de Trébons. Seuls quelques chevaux sont mis temporairement dans des enclos peu éloignés du site.

Analyse

La mouillère étudiée constitue une unité originale, correspondant à un milieu des sources pétrifiantes et aux habitats qui se développent à leur voisinage (4 à 5 sont remarquables). Ici le milieu ouvert et humide régresse fortement au profit du domaine forestier.

Si la faune du site semble banale, sa flore compte quelques espèces rares au premier rang desquelles la lysimiaque éphémère qui lui donne un grand intérêt.

Il existe un certain potentiel de régénération et de conservation de cette mouillère et des habitats les plus caractéristiques qu’elle comprend, à travers certaines mesures qu’il y aurait lieu de mettre en oeuvre dans le cadre du programme LIFE Midi-Pyrénées.

L’enjeu principal est ici le maintien de l’ouverture du milieu et la lutte contre l’envahissement par les ligneux, pour le maintien de la flore remarquable présente.

On peut noter que parmi les principales espèces à valeur patrimoniale observées, la Lysimiaque éphémère pousse sur les bordures, dans les hautes herbes et non sur les parties à végétation rase. Il y a donc lieu d’empêcher la fermeture du milieu, mais il ne faut pas établir ici une végétation rase uniforme. Le débroussaillage à prévoir doit être un agrandissement des trouées principales avec élimination des ligneux les plus hauts.

Le rapport Garroute (1864)

SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE

SESSION EXTRAORDINAIRE – TOULOUSE JUILLET 1864

Extrait du rapport de M. l’abbé Garroute sur l’herborisation faite le 19 juillet à ST Aventin et à Cazaril.

La fontaine ferrugineuse de Trébons

    … Nous arrivâmes enfin à de nouvelles prairies et nous nous disposions à les envahir lorsque nous nous aperçûmes qu’elles venaient d’être soumises à un système d’irrigation générale qui ne nous promettait qu’une fraicheur inutile, sans nous dédommager par quelque plante rare.

    … Peut-être eussions-nous pu récolter le Laserpitium Nestleri S. – Will. dans une prairie voisine, mais la faux y avait passé quelques jours auparavant et n’avait rien respecté.

    Je sais du reste par expérience que les propriétaires des environs aiment médiocrement les botanistes et j’ai pu me convaincre des efforts d’un des possesseurs de ces prairies pour détruire, non loin de la fontaine ferrugineuse de Trébons, le Lysimachia Otani Asso. Cette belle plante lui attirait trop de visiteurs à l’époque de ses foins, honneur qui lui devenait préjudiciable. Mais en dépit de ses efforts, leLysimachia reparaît toujours. D’ailleurs les botanistes ne doivent pas s’alarmer, car cette jolie primulacée s’est choisi, au mont St-Aventin, une station où elle est à l’abri de la faux et où nous la retrouverons bientôt.

La tour de Castel-Blancat

    … Notre récolte terminée et soigneusement logée dans nos boîtes, nous nous dirigeâmes vers Cazaril.

Le sentier qui y conduit passe à quelques mètres au-dessous de la tour de Castel-Blancat, dans la commune de Trébons.

    Lorsqu’on parcourt la chaîne des Pyrénées, de Port-Vendres à Bayonne, il n’est pas rare de rencontrer les ruines de quelques-unes de ces tours. Sur certains points elles sont même nombreuses, à l’extrémité des contre-forts des Albères, à Banyuls-sur-mer par exemple. Trop peu fortifiées pour servir de retraite ou de défense, elles semblent plutôt, par leur position, avoir servi de point de surveillance. Situées en effet au haut des vallées, elles forment autant de sentinelles avancées, chargées de veiller sur les cols ou passages des Pyrénées. Elles correspondent avec d’autres plus centrales qui recevaient sans doute, en temps de guerre, les signaux et les transmettaient au point où les forces étaient concentrées. Il serait difficile peut-être d’indiquer l’époque précise de leur construction ; quelques auteurs la font remonter aux temps de la lutte des Gaulois et des Romains ; d’autres à l’invasion des Sarrazins ou même à des temps moins reculés.

   Quoi qu’il en soit, la tour qui domine la vallée de Larboust a appartenu à ce système de tours-signaux. Elle n’offre plus que des murs en ruines…

La lysimaque éphémère

Partout, sauf dans les zones arides, les Lysimachia poussent très facilement, mais ils sont encore plus vigoureux et fleurissent plus généreusement encore, là où le sol est continuellement frais.



La lysimaque éphémère ou lysimaque à feuilles de saules

Ses feuilles, ovales et un peu pointues, sont unies et luisantes. Depuis juin jusqu’en août, cette plante est garnie d’épis allongés de fleurs blanches qui terminent de grandes tiges (1,20 m environ).
Cette lysimaque supporte assez mal la division des touffes, et elle ne s’adapte vraiment bien que dans les régions aux hivers doux.

Les trois cloches 1896-2005


DOMI bémolFA dièse
La carte d'identité de la première cloche

Fabricant : FONDERIE POURCEL
A VILLEFRANCHE AVEYRON
La carte d'identité de la deuxième cloche

Fabricant : FONDERIE POURCEL
ET PLAINECASSAGNE GENDRE
A VILLEFRANCHE AVEYRON
La carte d'identité de la troisième cloche

Fabricant : PACCARD ANNECY
Poids : 115 kg
Inscription :

1896 ANNE ALEXINE
J'AI RECU LE BAPTEME
DE L'ABBE VIDAILHET,
CURE DOYEN DE BOULOGNE S/ GESSE
JE DOIS MON NOM
A ALEXIS LAURENS MON PARRAIN
ET A ANNE LAURENS MA MARRAINE

JE DISSIPE L'ORAGE
J'APPELLE LES VIVANTS
JE PRIE POUR LES MORTS
Inscription :

ALEXINE MARIE
JE DOIS MON NOM A Mr TRESPAILLE ALEXIS
COMMANDANT D'ARTILLERIE MON PARRAIN
ET A MME MARIE BENADET MA MARRAINE
Inscription :

JE ME NOMME JEANNE
J'AI ETE BAPTISEE EN 2005
PAR M. LE CURE DOYEN DE LUCHON
MES MARRAINES
JEANNE CAUSSETTE, JEANNE TALAZAC
MON PARRAIN
PIERRE CAUSSETTE, MAIRE DE TREBONS

La carte de Cassini (1815)

C’est à l’initiative de Louis XV, impressionné par le travail cartographique réalisé en Flandre, qu’est levée la première carte géométrique du Royaume de France. César François Cassini de Thury dit Cassini III, fils de Jacques, est chargé de réaliser ce travail à l’échelle « d’une ligne pour cent toises », soit 1/86400e.

La carte s’appuie sur le réseau géodésique que viennent d’établir (de 1683 à 1744) Jean-Dominique Cassini et son fils Jacques (père de Cassini de Thury). Les levées commencent en 1760 avec César François Cassini de Thury. Jacques Dominique Cassini fils de César François Cassini de Thury finit les levées en 1789. Il aura fallu 30 ans pour effectuer ce travail gigantesque.

La publication est retardée par les événements de la Révolution pour n’être achevée qu’en 1815.

Quatre générations de Cassini se seront consacrées à la réalisation de la carte qui servira de référence aux cartographies des principales nations européennes pendant la première moitié du XIXe siècle.

Cassini1