L’école de Trébons 1810-1897

Au confluent des vallées d’Oueil et de Larboust, la lutte d’une petite communauté villageoise pour faire vivre son Ecole…

               Comment imaginer les combats qui ont dû être livrés au 19ème siècle par les habitants d’un minuscule village pyrénéen pour l’instruction de leurs enfants ? Il fallait disposer d’un local et d’un logement, rechercher un instituteur, financer son traitement, obtenir des subventions, fixer la participation des parents, désigner les élèves indigents, veiller à la scolarisation des filles, lutter contre une épidémie de rougeole, se protéger des rigueurs du climat, affronter la complexité des relations avec une commune voisine mais aussi faire face en même temps à bien d’autres priorités… Des épreuves qui n’altéraient en rien le « caractère gai et ouvert de ces villageois un peu nomades » !

               Réalisée en grande partie en consultant les archives numérisées du département de la Haute-Garonne, cette étude redonne vie à un passé oublié, non par nostalgie mais pour montrer combien cette période fondatrice de l’Ecole de la République était déjà au cœur de la plupart de nos préoccupations actuelles. Elle confirme le rôle essentiel qu’ont eu à cette époque les instituteurs qui étaient tous des enfants du pays. Au-delà de la simple curiosité historique, puisse cette contribution à la mémoire collective aider à mieux comprendre et à mieux agir sur le présent…

               Parmi les 20 communes des vallées d’Oueil et de Larboust, la plus petite, celle qui est située au confluent des deux vallées, Trébons de Luchon, est la seule à n’avoir jamais construit de maison d’école. A l’exception de St Aventin qui avait construit une première maison d’école dès 1835, il faudra attendre le début des années 1880 pour voir s’élever des écoles dans toutes les autres communes, mais dans chacune il y avait déjà depuis le début du 19ème  siècle une école qui fonctionnait dans une « chambre d’école » louée à un particulier… A Trébons, comme dans tous les petits villages, la Révolution avait fait naître l’idée d’une éducation nationale, ouverte à tous et prendre conscience de la portée sociale de l’instruction primaire, premier degré de cette éducation, comme l’exprimait en 1886 l’instituteur de Jurvielle.
               Alors qu’à Trébons la mémoire collective a perdu la trace de cette école, voici ce qu’en disait Mme Anne-Marie Laurens, institutrice à Trébons, dans sa monographie du village rédigée en 1886 à la demande du Conseil départemental de l’instruction publique :

« Il n’y a pas de maison commune ni de maison d’école. Cependant l’enseignement n’a point été négligé ; les habitants ont su s’imposer à toutes les époques des sacrifices pour l’instruction de leurs enfants.
Depuis 1810 jusqu’à 1855 on y a vu une série d’Instituteurs libres.
En 1867 fut érigée l’école mixte actuelle dirigée par une Institutrice publique au traitement de 900 fr dont il ne nous appartient pas de faire l’éloge ; elle voit accourir à son école des élèves des communes voisines ».

1 – Le temps des instituteurs libres

               Au moment où Anne-Marie Laurens rédige sa monographie en 1886, elle habite Trébons depuis près de 20 ans. Née dans le village voisin de Saccourvielle  où son père Jean-Antoine Vidailhet a été instituteur de 1827 à 1857, elle s’est mariée en 1867 avec Alexis Laurens, né à Trébons, et qui était alors instituteur à Cazarilh-Laspènes. Elle connaît donc parfaitement l’histoire récente de l’enseignement primaire à Trébons et il est bien dommage qu’elle la résume par cette simple phrase : « Depuis 1810 jusqu’à 1855 on y a vu une série d’Instituteurs libres ».

               Après les espoirs qu’avait fait naître la Révolution d’une instruction gratuite et obligatoire pour tous, la liberté d’enseignement avait été l’une des rares mesures actées par la Convention.
               C’est dans ce cadre que l’initiative individuelle et la demande des populations ont conduit à partir des années 1810, presque dans chaque village des deux vallées, à l’installation d’instituteurs libres  dont l’action était placée par une ordonnance royale du 28 février 1816 sous le double contrôle du curé et du maire qui devaient surveiller et encourager l’instruction primaire, mais également veiller à ce qu’elle soit donnée gratuitement aux enfants indigents.
               Il suffisait de louer une pièce chez un particulier pour ouvrir une classe à des élèves qui devaient apporter chaque fin de semaine un paiement en nature appelé la « norme » dont la valeur devait être au minimum celle d’un œuf. La condition de ces enseignants était tout à fait précaire au point qu’ils devaient le plus souvent  exercer en même temps un autre métier pour survivre, tel que barbier ou carillonneur. De plus, leurs compétences étaient sans doute très limitées, malgré les dispositions de l’ordonnance royale de 1816 prévoyant  l’exigence d’un certificat de moralité et d’un brevet de capacité.

               A défaut d’archives communales parfois détruites dans les incendies des villages, les éléments rapportés dans les monographies concernant cette période proviennent exclusivement de « témoignages oraux de vieillards dignes de foi ».
               Il est donc très difficile de retrouver la trace de ces instituteurs libres… et pourtant en parcourant les archives d’état civil de la commune de Trébons, on découvre une promesse de mariage enregistrée par le maire Noël Trespaillé le 2 novembre1823 entre Fabien Jouaneton, 22 ans, instituteur demeurant à Trébons et Françoise Maleplate, 22 ans, couturière demeurant à Bagnères de Luchon. Le mariage sera célébré à Bagnères de Luchon le 25 novembre 1823.

               Fabien Jouaneton est né à Trébons le 26 pluviôse an IX (15 février 1801). Il est le fils de Michelle Grougnet et de Jean Jouaneton, cultivateur demeurant à Trébons. Sa sœur Reynette Jouaneton s’est mariée avec Pierre Laurens de Trébons : ce sont les grands parents paternels d’Alexis Laurens qui sera instituteur à Cazarilh puis à St Aventin et Maire de Trébons de 1900 à 1908.

               Fabien Jouaneton serait ainsi en 1823 le premier instituteur libre connu de Trébons.

               Cette même année 1823, dans la commune voisine de Benqué, un autre instituteur libre commence également sa carrière, Jean-Pierre Antony, 32 ans qui était auparavant cultivateur et qui sera plus tard instituteur à Cazarilh-Laspènes dans les années 1850. Son fils Léon-Pierre Antony né à Benqué le 11 mars 1827 sera proposé pour occuper le poste d’instituteur de Trébons en octobre 1851.

2 – Les premiers instituteurs communaux 1840-1850

               C’est la loi Guizot du 28 juin 1833 qui a établi pour la première fois l’obligation pour les communes d’entretenir une école primaire élémentaire (de garçons) et de fournir à l’instituteur un local convenablement disposé tant pour lui servir d’habitation que pour recevoir les élèves ainsi qu’un traitement fixe d’au moins deux cents francs. Ce traitement était complété par le produit d’une rétribution mensuelle due par chaque élève, sauf les indigents dont la liste était établie par le conseil municipal.

               Bien que la loi Guizot ait fixé à 500 habitants le seuil d’obligation, de nombreuses petites communes vont s’engager dans l’entretien d’une école primaire communale et les premières délibérations connues du Conseil municipal de Trébons, datant du 6 mai 1841, sont justement consacrées aux dépenses concernant l’instruction primaire en application de la loi Guizot. La commune qui est à l’apogée de son peuplement ne compte pourtant que 79 habitants.

               Une première délibération relative au budget 1842 porte sur la nécessité de voter « une imposition de trois centimes additionnels portant sur les contributions foncière, personnelle et mobilière, les portes et fenêtres et les patentes » car « les ressources ordinaires de la commune sont insuffisantes pour faire face aux dépenses concernant l’instruction primaire que les règlements ont rendues obligatoires ».
               Une deuxième délibération  décide « qu’une somme de deux cents francs sera allouée à titre de traitement fixe de l’instituteur primaire communal, ainsi qu’une somme de quarante francs pour acquitter le prix du loyer de la Maison d’Ecole et pour l’indemnité de logement de l’instituteur ».
               La rétribution mensuelle des élèves est ainsi fixée :
              – 1ère classe, lecture, écriture et calcul : 75 c
              – 2ème classe, lecture et écriture : 50 c
              – 3ème classe, lecture : 40 c

               Il y avait donc bien à cette époque un instituteur primaire communal dont la première installation se situe vraisemblablement entre 1835 et 1840.
               Une délibération du 2 février 1843 nous apprend que l’instituteur public de Trébons se nomme Guillaume Ader et qu’il doit être rétribué au prorata du temps qu’il a exercé, soit pour l’année 1842 du 11 avril, jour de son entrée en fonction, jusqu’au 31 décembre.
               Guillaume Ader est né le 18 septembre 1815 à Cazaux de Larboust. Sur un acte de mariage de Cazaux daté du 28 octobre 1844 il est mentionné comme « instituteur demeurant  à Trébons ». On peut donc en conclure qu’il est resté à Trébons au moins jusqu’en 1845.

3 – Les avatars de la scolarisation des filles

               Une délibération du 10 août 1842 se prononce conformément à la loi sur la « désignation des élèves à recevoir gratuitement dans les écoles primaires. » « Le conseil municipal après avoir examiné la position de fortune et les droits de chacune des familles dont les enfants fréquentent l’école, a reconnu que les dénommés ci-après doivent être admis gratuitement à profiter de l’instruction : Jean-Michel Laurens, Jean Oustalet, Jean-Clair Gays ».

               Il est également précisé que onze enfants sont scolarisés et qu’il n’existe pas dans la commune de refus de fréquenter l’école. Huit familles sont en état de payer la rétribution mensuelle (dont le produit présumé est de 60 francs) et trois familles sont indigentes.

               Il n’y aurait donc à Trébons en 1842 que 11 enfants d’âge scolaire ?
               Un regard sur les registres d’état civil montre que 25 enfants sont nés à Trébons entre 1827 et 1836, dont deux sont décédés en bas âge (2 mois et 2 ans) et une à l’âge de 10 ans : il y avait en principe 22 enfants âgés de 6 à 15 ans… dont 12 garçons et 10 filles.
               Il paraît évident que les filles n’étaient pas scolarisées comme le confirme d’ailleurs la liste des indigents qui ne comporte que des garçons. Ainsi Jean-Clair Gays né le 27/9/1827 allait encore à l’école à l’âge de 15 ans, mais ses sœurs âgées de 7 ans, 9 ans et 11 ans restaient à la maison, occupées aux travaux ménagers et agricoles. La liste des indigents de 1846 ne comprendra elle aussi que des garçons : bizarrement, on y trouve toujours Jean-Clair Gays alors âgé de 19 ans ainsi que Dominique Laurens, âgé de 13 ans, frère de Jean-Michel, et qui ne figurait pas sur la liste de 1842 alors qu’il avait déjà 9 ans.

               Si la loi Guizot avait impulsé une forte dynamique pour faire fonctionner des écoles primaires de garçons jusque dans les plus petits villages, elle était restée totalement silencieuse sur la question des filles et n’avait nullement remis en cause l’ordonnance royale de 1816 qui précisait que « les garçons et les filles ne pourront jamais être réunis pour recevoir l’enseignement ». Certes, il existait peut-être à cette époque une école libre de filles à St Aventin, mais il est peu probable que les petites de Trébons l’aient fréquentée. Il leur faudra donc attendre la Loi Falloux du 15 mars 1850 qui permettra, « à raison des circonstances, d’établir des écoles primaires dans lesquels seront admis des enfants de l’un et l’autre sexe ».

               C’est ainsi qu’en décembre 1850, le conseil municipal délibère sur une proposition établie conformément à la loi « de concert avec M. le Curé » sur la liste des enfants qui doivent être admis gratuitement à l’école communale. Après avoir examiné la position respective des familles qui avaient le plus de titres à cette gratuité, leur choix s’est porté sur les élèves dont les noms suivent : 1° Laurens (Michel), 2° Laurens (Jean-Marie) fils de Simon Laurens, veuf, 3° Jouaneton (Jeanne), 4° Laurens (Pierrette).
               Pour la première fois à Trébons, les filles font ainsi leur entrée à l’école.
               On ne sait pas si cette mesure est considérée à Trébons comme un progrès, mais l’événement est souligné par le Maire qui fait observer que « la réunion des enfants des deux sexes, à défaut d’une école publique ou libre de filles dans cette commune, est autorisée par la loi ».

               Cette situation hélas ne durera pas plus d’un an car l’instituteur communal va démissionner en septembre 1851 et son successeur désigné, le jeune Léon-Pierre Antony, ne viendra pas le remplacer. Faute de pouvoir être nommé instituteur communal, Jean-Guillaume Verdalles, qui fut instituteur à Gouaux son village natal (de 1843 à 1846) puis à Artigues (de 1846 à 1850), ouvre alors à Trébons une école primaire libre de garçons dans la maison de M. Sacome. Cette école fonctionnera pendant au moins trois ans, de 1852 à 1854.

               L’école fonctionnait donc dans la maison de Michel Sacome qui a été deux fois maire de Trébons (en 1832-1835 et 1866-1871). Un examen de la descendance de Michel Sacome montre que cette maison était en 1911 celle de François Mounic, Maire de Trébons, qui sera tué à la guerre de 1914. Visible sur certains documents photographiques du début du 20ème siècle, elle était située sur l’actuel parking. Elle sera détruite dans les années 1950 pour élargir la route conduisant à Cazarilh. On peut penser que c’est dans une chambre de cette maison que s’est tenue l’école pendant toute la période 1810-1855 avant de s’établir à partir de 1867 dans la maison Laurens située immédiatement en contrebas de l’autre côté de la route.
              Un habitant de Trébons se souvient que Jean Mounic, l’un des deux fils de François Mounic,  parlait en 1977 de l’école en disant que « l’instituteur avait des vaches au rez de chaussée, que l’école se faisait à l’étage… et que la punition classique (et régulière) était de faire sortir le fumier aux élèves indisciplinés ou paresseux ». Il évoquait très probablement les souvenirs de sa grand-mère maternelle, Marie Sacome née en 1845 qui avait donc connu l’école de Trébons fonctionnant dans la maison de son père de 1852 à 1854. Elle ne pouvait cependant pas la fréquenter car c’était une école libre de garçons !

               Malgré une nouvelle tentative de réouverture d’école communale en 1861 où le conseil municipal propose le jeune Alexis Laurens de Trébons qui vient de sortir de l’Ecole Normale, le siège de l’école publique restera établi à Cazarilh-Laspènes  où Alexis Laurens sera nommé instituteur. Ce n’est qu’à la rentrée 1867 que les filles pourront à nouveau être scolarisées à l’école communale mixte de Trébons.

Cette fois, l’école mixte de Trébons va fonctionner sans interruption pendant 29 ans, dans la maison de l’institutrice Anne-Marie Laurens qui prendra sa retraite le 1er octobre 1897.

4 – La difficulté à obtenir la nomination d’un instituteur communal

Première tentative en 1849 : échec

               Dans une délibération en date du 8 novembre 1849, le conseil municipal déplore que « la commune se trouve dépourvue d’un instituteur communal depuis trois ans environ ».
               Sans doute pour essayer de convaincre l’administration, le Maire exprime avec une certaine emphase cette situation en disant qu’il « voit avec regret les Enfants privés de l’instruction primaire, le seul moyen de les rendre honnêtes dociles et obéissants car c’est le moyen de l’éducation que l’homme devient civilisé, bon citoyen et apte pour tous les emplois civils ou militaires, au lieu qu’il voit aujourd’hui avec peine les Enfants de Trébons croupir dans une grande ignorance, pour surcroît de malheur livrés à eux-mêmes et vagabonds travers les lieux publiques… D’ailleurs abandonnés à leur volonté ils seront sans principe de Religion et de moralité, il convient donc de remédier à un semblable désordre et de tâcher de pourvoir le plus tôt possible la Commune d’un Instituteur Communal ».

               Comme il n’ignore pas que la proximité immédiate de deux autres écoles communales lui sera probablement opposée, il rappelle les raisons qui ne permettent pas de s’y rendre : « les Enfants ne peuvent être envoyés dans une Ecole des Communes voisines à cause du grand poids de la neige qu’il tombe chaque hiver dans ce pays, il arriverait très souvent que les petits Enfants en se rendant dans les Ecoles Communales de St Aventin ou Cazarilh seraient en chemin entraînés par les avalanches qui descendent du haut de nos montagnes, le seul empêchement de les y envoyer pour ne pas les voir Mourir ».

               Conformément à la procédure prévue par la loi du 28 juin 1833, le conseil municipal propose une candidature au Comité Supérieur de l’Instruction primaire de St Gaudens, celle du sieur Jean-Guillaume Verdalles.
              Le maire précise que ce dernier réunit toutes les qualités nécessaires à un Instituteur primaire. Il certifie que la capacité et la moralité de Verdalles lui sont personnellement connues.
               Toutes les conditions réglementaires sont rassemblées :
– Brevet de capacité du deuxième degré
– Avis du Comité local de Trébons
– Certificat de moralité délivré par le Maire de la commune de Gouaux sur l’attestation de trois membres du Conseil municipal.

               La nomination de Jean-Guillaume Verdalles semblait acquise… mais il était alors instituteur à Artigues et il est probable cette mutation en cours d’année n’a tout simplement pas été acceptée par le Comité Supérieur.

Deuxième tentative en 1850 : réussite

               Conformément aux dispositions de la loi Falloux, par lettre en date du 31 juillet 1850, « le Sous-Préfet appelle le conseil municipal à se prononcer sur le choix d’un instituteur pris soit parmi les instituteurs laïques, soit parmi les instituteurs membres d’associations religieuses vouées à l’enseignement & reconnus par l’Etat ».
               Cette lettre signifie que l’administration est donc disposée à nommer un instituteur à Trébons.

               Le conseil municipal, après avoir souligné que la commune est sans instituteur depuis longtemps, se prononce pour un instituteur laïque « attendu que les effets de l’instruction primaire dirigée par un instituteur laïque ont été jusqu’à présent satisfaisants et qu’il y a par conséquent lieu d’y persister ».
Et il propose le nom d’un instituteur breveté apte à remplir ces fonctions… mais le texte a été surchargé ce qui ne permet pas de savoir de qui il s’agit !
Dommage car il est certain que cet instituteur restera en poste à Trébons pendant l’année scolaire 1850-1851 comme en attestent deux délibérations, l’une de décembre 1850 qui fixe la liste des enfants indigents (comprenant pour la première fois des filles), l’autre de février 1851 relative aux dépenses de l’enseignement primaire.
               La rétribution scolaire est ainsi fixée au taux unique de un franc par mois et le traitement fixe annuel de l’instituteur à 200 francs. Mais la loi du 15 mars 1850 a prévu d’allouer aux instituteurs un supplément de traitement afin d’élever leur revenu au minimum de 600 francs.

               Avec le loyer de l’école, la commune devrait payer 644 francs. Or ses ressources pour l’enseignement se montent seulement à 66,48 francs comprenant le produit de la rétribution scolaire (57 francs) et le produit des trois centimes additionnels (9,48 francs). Comme le constate la délibération, « le Département et l’Etat auront donc à fournir pour compléter les dépenses ordinaires et obligatoires de l’enseignement primaire une subvention de 577,52 francs ». C’est certes la commune qui prend en charge les dépenses mais elle reçoit à cet effet une subvention après déduction de la part qui lui incombe sur ses ressources propres.

               On notera que ce même mois d’août 1850, la commune de Cazarilh était elle aussi depuis longtemps sans instituteur mais qu’en réponse à la lettre du Sous-Préfet, elle s’était prononcée pour que la direction de son Ecole soit assurée par un membre d’association religieuse qui lui paraissait « offrir plus d’avantages à la jeunesse en ce qu’elle se trouverait placée dans de meilleures conditions d’instruction, de morale et de discipline ».
               Difficile, dans cette décision, de ne pas voir l’influence de proximité du curé qui habitait le presbytère de Cazarilh d’autant plus qu’il est fait référence à la loi du 11 janvier 1850 (dite petite loi Falloux) destinée à renforcer la surveillance des instituteurs « rouges » par les Préfets.

Troisième tentative en 1851 : échec

               Le recteur ayant donné connaissance de la démission de l’instituteur au 1er octobre a « conseillé de s’adresser au jeune Antony élève-maître sortant de l’Ecole Normale et admis sur la liste d’admissibilité. » Celui-ci ayant accepté de venir occuper le poste « dans l’espérance d’y rétablir sa santé », le conseil municipal de Trébons dans une délibération du 10 octobre 1851 nomme alors le dit Antony pour instituteur primaire communal et prie le Recteur de l’autoriser à ouvrir l’école en attendant que sa nomination soit régularisée.
               Il s’agit probablement de Léon-Pierre Antony né à Benqué le 11 mars 1827 et dont le père Jean-Pierre Antony a été Instituteur libre puis instituteur communal à Benqué avant d’être muté à Cazarilh…
               Hélas, il ne sera pas instituteur à Trébons, car une délibération du 27 mars 1852 nous apprend que « la commune se trouve dépourvue d’un instituteur communal depuis le mois de septembre 1851 et que depuis cette époque on voit avec regret les enfants privés de l’instruction primaire communale ».

Quatrième tentative en 1852 : échec

               Dans cette même délibération du 27 mars 1852, le conseil municipal « nomme pour instituteur primaire communal  le sieur Oustalet François, élève de l’Ecole Normale et admis sur la liste d’admissibilité qui a accepté de venir occuper ce poste dans l’espérance de s’y établir comme instituteur communal ». Il prie le Recteur de l’autoriser à ouvrir l’école en attendant que sa nomination soit régularisée.
               On peut penser qu’il s’agit de François Oustalet né le 20 juillet 1828 à St Aventin et qui sera employé des contributions indirectes à Bordeaux lors de son mariage le 9 octobre 1860 à Bagnères de Luchon avec Jeanne Marie Bertrande Géraud.
               On doit naturellement s’interroger sur les raisons qui auraient pu justifier une telle affectation en plein milieu d’année scolaire…
               Il apparaît que François Oustalet n’est pas venu lui non plus à Trébons où Jean-Guillaume Verdalles va ouvrir alors une école primaire libre de garçons qui fonctionnera au moins de 1852 à 1854.

Cinquième tentative en 1861 : échec

               Une opportunité extraordinaire apparaît en 1861 pour obtenir enfin la réouverture de l’école primaire publique de Trébons : un enfant du village, Alexis Laurens, vient de sortir de l’Ecole Normale primaire de Toulouse.  Le conseil municipal, dans une longue délibération datée du 26 août 1861, va donc développer des trésors d’imagination pour essayer de convaincre l’administration de le nommer à Trébons.

Le préjudice de l’absence d’école
               « La commune se trouve dépourvue d’un instituteur public depuis dix ans et c’est avec regret qu’il voit toujours depuis cette époque un désordre complet parmi les enfants qui pourraient fréquenter l’école. Il est donc déplorable pour un père de famille de 5 ou 6 enfants d’être obligé de laisser ses enfants dans l’ignorance. Car on ne devrait pas faire partie de l’Empire français, pays où l’on n’oublie rien pour élever les populations à un haut degré d’instruction ».

Le nombre important d’élèves d’âge scolaire
               « Quoique le chiffre de la population soit minime, cependant en 1851 la commune de Trébons était la 11e pour la rétribution scolaire sur 23 communes du canton qui avaient un instituteur public. Il y aurait un assez grand nombre d’enfants qui fréquenteraient l’école puisqu’il y en aurait à la moyenne de 20 à 25 pendant toute l’année : nombre assez satisfaisant pour un instituteur ».

Le danger pour se rendre dans la commune de Cazarilh
               « Plusieurs pères de famille avaient pris la résolution d’envoyer leurs enfants dans la commune de Cazaril qui se trouve la plus rapprochée, au moins pour donner à leurs fils certaines connaissances, mais le pays de montagne que nous habitons, les mauvais chemins et les neiges qui y tombent pendant la plus grande partie de l’année encombrent les chemins difficiles à parcourir, même pendant les mois d’été, a toujours été des obstacles qui se sont opposés à l’accomplissement de leurs desseins ».
               Pour illustrer ces difficultés de communication, le conseil souligne que « bien souvent Monsieur le desservant des deux communes est obligé de céder aux obstacles qui se présentent malgré sa bonne volonté » : si même le curé, malgré la protection divine dont il bénéficie, ne peut venir dire la messe à Trébons qui est une annexe de Cazarilh, c’est dire combien la situation est périlleuse !
               Pire, un drame qui s’est produit durant l’hiver 1854, a laissé des traces indélébiles… au moins dans la mémoire des habitants de Trébons :
               « Dans le courant du mois de février 1854, un nombre d’enfants de 9 à 13 ans fréquentaient l’école de Cazaril, à leur rentrée vers quatre heures du soir, un tourbillon avait entraîné le nommé Caussette Pierre âgé de 12 ans dans une haie qui sans le secours du sieur Trespaillé Guillaume âgé de 18 ans était enseveli dans ces tourbillons affreux. Que serait devenu le père Caussette en apprenant que son fils, son unique espérance, n’était plus ? Chose déplorable d’être obligé d’abandonner à travers les périls ce qu’on a de plus cher au monde.
Tous ces obstacles ont découragé les pères de famille d’envoyer leurs enfants à l’école de Cazarilh car à la vérité il ne faut jamais s’exposer à détruire ce que la Divine providence a bien voulu nous donner. »

               Ce récit est évidemment destiné à émouvoir l’administration, mais il est sans doute un peu excessif, et il n’est pas certain qu’il corresponde à la réalité car une école libre de garçons fonctionnait à Trébons pendant les années 1852 à 1854 comme l’indique une délibération du 6 novembre 1854 demandant « que les centimes spéciaux consacrés à l’instruction  soient versés à l’instituteur libre Jean-Guillaume Verdalles considérant les services qu’il rend à la commune en se chargeant des enfants indigents pour les retirer des rues… ».

L’état de santé d’Alexis Laurens
               « Ce jeune homme se trouve épuisé de ses trois années d’étude à l’Ecole normale. Il aurait besoin pour rétablir sa santé d’être nommé instituteur public dans son pays natal, ce que le dit Laurens accepte volontiers ».

               Le conseil conclut son plaidoyer en disant  que « c’est de toute nécessité d’avoir un instituteur dans la commune afin d’obtenir le bon ordre parmi les enfants d’aujourd’hui : connaissant la bonne conduite du jeune Laurens Alexis, ils obtiendraient le meilleur des résultats ».

Sixième tentative en 1862 : échec

               Malgré ses arguments, la commune de Trébons n’a pas pu obtenir en 1861 la réouverture de l’école dont le siège est resté à Cazarilh, avec peut-être d’ailleurs Alexis Laurens pour instituteur…
                Loin de se décourager, elle continue à se battre, au nom de ce qu’elle ressent comme une injustice car il y a alors plus d’enfants de la commune de Trébons que de celle de Cazarilh qui fréquentent l’école.
               Dans une délibération du 12 août 1862, le Maire expose que « la commune de Cazarilh-Laspènes ne réunit pas non plus les conditions voulues pour avoir à elle seule un instituteur public. Il est donc important dans l’intérêt du Gouvernement d’examiner de bien près dans laquelle des deux communes de Trébons et de Cazarilh-Laspènes le siège est le plus préférable ».

               Il présente ensuite les raisons qui devraient conduire à choisir Trébons :
               « Les avantages qu’offre la commune de Trébons pour le siège de l’instituteur sont incontestables car cette commune se trouve au centre des deux vallées du Larboust et d’Oueil, parce qu’elle peut être fréquentée par les communes de St Aventin, Saccourvielle, Benqué et Cazarilh-Laspènes. De plus la commune de Trébons malgré le petit nombre d’habitations qu’elle compte, elle a un assez grand nombre d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire. La commune de Cazarilh-Laspènes, quoiqu’elle compte un plus grand nombre d’habitants, peu d’enfants peuvent fréquenter l’école primaire et la position de cette commune ne permet pas que l’école puisse être fréquentée par d’autres communes que par celle de Trébons ».

               Cette analyse paraît tellement évidente que « le conseil, d’un accord unanime, applaudit aux paroles de M. le Maire qui sont à leurs yeux de la plus grande justesse. Aussi espère-t-il que les autorités compétentes rendront justice à la commune de Trébons en y installant le siège de l’instituteur ».
               Mais cet enthousiasme sera de courte durée car le Préfet maintiendra le siège de l’instituteur public à Cazarilh.

Le village de Cazarilh-Laspènes au début du 20ème siècle

Septième tentative en 1866 : réussite

               Le rattachement de Trébons à l’école de Cazarilh est toujours vécu comme une grande souffrance et une délibération en date du 8 février 1866 essaie d’apporter de nouveaux éléments pour justifier une demande qui s’inscrit dans « la bienveillante sollicitude de Son Excellence le Ministre (Victor Duruy) qui s’est si ouvertement prononcé en faveur de l’instruction élémentaire dans les campagnes ».
               La distance pour se rendre à Cazarilh serait de trois kilomètres (en réalité 1,5 km) par un chemin difficile, surtout l’hiver qui est la seule période où les enfants vont à l’école : « il suit de là que les enfants jusqu’à l’âge de 10 à 13 ans restent dans un état complet d’ignorance, ne pouvant les abandonner seuls à un parcours aussi considérable, notamment pendant l’hiver, seule saison pour ainsi dire où les enfants des campagnes peuvent se rendre régulièrement à l’école, les travaux agricoles, dans la belle saison, obligent en général les familles à se servir de leurs enfants ».
               La situation des filles (à laquelle le Ministre Victor Duruy est particulièrement sensible) devrait également être prise en considération : « les jeunes filles pour les mêmes motifs, plus difficile encore de les abandonner à une école étrangère, ne reçoivent aucune instruction ».
               C’est pourquoi le conseil demande au Préfet la nomination d’une institutrice mixte.

               Cette demande va enfin recevoir une réponse favorable dans une lettre du Sous-Préfet en juin 1866 mais assortie de conditions : « la commune de Trébons est autorisée pour la nomination d’une Institutrice mixte aussitôt après qu’elle aura à sa disposition un local convenable pour l’institutrice et salle d’école ainsi que le mobilier nécessaire pour les élèves ».
               Quelques mois seront apparemment nécessaires pour « remplir ces formalités » et l’école n’ouvrira qu’à la rentrée 1867.

5 – L’école communale de Trébons 1867-1897

Le mariage d’Alexis Laurens et Anne-Marie Vidailhet

               Les bonnes fées n’avaient pas réussi à faire ouvrir l’école de Trébons en 1861 avec Alexis Laurens malgré des conditions très favorables. Cette fois, elles vont se montrer à la hauteur de l’enjeu en cochant toutes les cases exigées pour cette réouverture : le mariage d’Alexis Laurens avec Anne-Marie Vidailhet permet en effet à Trébons de disposer d’une institutrice pouvant accueillir filles et garçons, et d’un local scolaire dans la maison du couple.
               Cet événement majeur, qui allait déterminer pendant près de trente ans la vie du village, ne pouvait pas être célébré ailleurs qu’à Trébons, même s’il n’existait pas à cette époque de maison commune qui ne sera construite que cent ans plus tard en 1971. Or la mariée qui était née à Saccourvielle demeurait alors à Bourg d’Oueil où elle était institutrice, et le futur, né à Trébons, était domicilié à Cazarilh-Laspènes où il était instituteur. La cérémonie aurait donc dû avoir lieu dans l’une de ces deux communes.

               Le Maire de Trébons, Michel Sacome, écrit alors au Procureur Impérial le 31 mars 1867 pour obtenir une dérogation :
 « Le Maire de la commune de Trébons, canton de Bagnères-de-Luchon, (Haute-Garonne) a l’honneur de vous exposer que le sieur Laurens Alexis Instituteur public à Cazarilh-Laspènes et à Trébons résidant continuellement dans cette dernière commune hormis le temps de classe à Cazarilh le siège de l’école étant dans cette commune, on lui a imposé une cote personnelle et non mobilière, ayant sa maison paternelle au dit Trébons, lieu de sa naissance, où il réside continuellement avec ses parents. Le Sieur Laurens étant dans l’intention de se marier, y aurait-il convénient, Monsieur le Procureur Impérial, à ce que les publications et le mariage fussent célébrés à Trébons : la fiancée du dit Laurens ayant la résidence éloignée de ses parents, il y a inconvénient pour les parties à célébrer le dit mariage soit à Cazarilh soit à la résidence de la future, devant rester à Trébons, et d’ailleurs les communes Cazarilh et Trébons étant desservies par le même curé.
J’espère, Monsieur le Procureur Impérial, qu’il n’y aura pas d’inconvénient à ce que le dit mariage soit célébré par moi et vous supplie de vouloir bien, le plus tôt possible, donner votre adhésion.
Je suis avec le plus profond respect, Monsieur le Procureur Impérial, Votre très dévoué serviteur ».

               La dérogation sera accordée et la cérémonie aura lieu à Trébons le 28 avril 1867. L’acte de mariage précise qu’Alexis Laurens, né le 17 janvier 1840 à Trébons, est le fils de Joseph Laurens, 54 ans, brigadier cantonnier demeurant à Trébons et de Jeanne Soulérat, décédée. Anne-Marie Vidailhet, née le 24 avril 1835 à Saccourvielle, est la fille de Jean-Antoine Vidailhet, instituteur public demeurant à Saccourvielle-Benqué, décédé, et de Marie Vidailhet, 53 ans, ménagère demeurant à Saccourvielle-Benqué.
               Comme c’était fréquemment le cas, un contrat de mariage a été passé devant Me Guillaume Pierre Jacques Sansot, notaire à St Aventin.

Les dépenses de l’enseignement primaire en 1867

               La question du local étant réglée, le Maire fait savoir lors de la séance du conseil municipal du 24 février 1867 « l’urgence qu’il y a de délibérer sur le traitement de l’institutrice dans la présente session afin de hâter autant que possible la nomination de la dite Institutrice ».
               « Le Conseil municipal, après en avoir mûrement délibéré, a pris successivement les décisions suivantes :
               – Il a fixé le taux de la rétribution scolaire pour l’année 1867, par mois, 1ère catégorie 2 fr, 2ème catégorie 2 fr 50, abonnements annuels, 1ère catégorie 10 fr, 2ème catégorie 12 fr
               – Il a arrêté le traitement fixe de l’institutrice à la somme de 500 fr ».
               Compte tenu du produit de la rétribution scolaire estimé à 150 fr il restait à trouver 350 fr auxquels il fallait ajouter 40 fr pour le logement de l’institutrice et la salle d’école. Cette somme sera financée sur les trois centimes additionnels et les ressources ordinaires de la commune, donc sans solliciter de subvention.

               En 1871, le traitement de l’institutrice sera porté à 600 fr prenant en compte le grade d’Anne-Marie Laurens, institutrice mixte communale de 1ère classe. La loi du 19 juillet 1875 apportera ensuite une amélioration sensible en fixant ce traitement à 900 fr pour les institutrices (et à 1200 fr pour les instituteurs). Pour atteindre cette somme, le conseil devra voter une imposition d’un centime supplémentaire (délibération du 4 octobre 1875).

L’équipement lors de la réouverture de l’école

               Dans une délibération en date du 20 mai 1867, il s’agit de satisfaire à la dernière condition posée pour la réouverture de l’école en votant un budget d’équipement.
« M. le Président a fait observer à son conseil municipal que l’école est dépourvue du mobilier nécessaire et qu’il est indispensable de faire l’achat des objets suivants :
             1er              huit tables et leurs bancs à 17 fr                      136 fr
              2ème          un tableau noir et chevalet                              10 fr
              3ème        une méthode de lecture cartonnée                   14 fr
              4ème        quatre…                                                                  6 fr
              5ème        2 cartes murales (France, Mappemonde)      10 fr
              6ème        1 boulier compteur                                               5 fr      soit un total de 181 fr
               Vu l’insuffisance des revenus de la commune, M. le Président fait connaître au conseil que les centimes à réserver, 93 fr 64, de l’instruction primaire seraient employés à l’achat du mobilier scolaire dont l’utilité est si reconnue mais comme la dite somme est insuffisante, l’administration supérieure voudra bien nous seconder pour réaliser la dite somme de 181fr ».

La commission municipale scolaire

               Toutes les lois scolaires ont prévu l’instauration de commissions locales pour surveiller et encourager l’instruction primaire. Déjà, l’ordonnance royale de 1816 avait créé à cet effet dans chaque canton un « comité gratuit et de charité » auquel le curé et le maire devaient rendre compte chaque mois en veillant à ce que les enfants reçoivent l’instruction primaire et gratuitement pour les indigents.
               La loi Guizot de 1833 avait prévu dans chaque commune un « comité local de surveillance » composé du maire, du curé ou du pasteur et de quelques notables.
               La loi Falloux de 1850 qui avait créé des délégués cantonaux (devenus depuis 1969 les Délégués Départementaux de l’Education Nationale) avait également donné pour mission au maire et au curé d’assurer « la surveillance et la direction morale de l’enseignement primaire ».
               La loi Duruy de 1867 avait prévu de créer dans toute commune une caisse des écoles « destinée à encourager et à faciliter la fréquentation de l’école par des récompenses aux élèves assidus et par des secours aux élèves indigents ».

               La grande loi Jules Ferry de 1882 sur l’instruction obligatoire comportera également la nomination d’une « commission municipale scolaire » dans chaque commune pour encourager et surveiller la fréquentation des écoles. Mais l’école publique est enfin devenue laïque et elle échappe désormais à la tutelle de l’église.
               Cette commission se composant du Maire, de l’Inspecteur primaire, du délégué cantonal et d’un tiers des membres du conseil municipal, le conseil municipal de Trébons choisit MM. Laurens Pierre, Caussette Pierre et Grougnet Jean-Paul (délibération du 13 juin 1882). Au renouvellement de cette commission en 1884 seront désignés MM. Laurens Pierre, Gays Paul et Caussette Pierre.

La rougeole à Trébons en 1884

               Selon l’OMS, la rougeole est toujours en 2020 une maladie virale grave extrêmement contagieuse. Avant que la vaccination ne soit introduite en 1963 et qu’elle ne se généralise, on enregistrait tous les 2 ou 3 ans d’importantes épidémies qui pouvaient causer environ 2,6 millions de décès par an. La rougeole reste l’une des causes importantes de décès du jeune enfant, alors qu’il existe un vaccin sûr et efficace. On estime ainsi que 89 780 personnes, dont une majorité d’enfants de moins de 5 ans, sont mortes de la rougeole en 2016 dans le monde.
               A la fin du 19ème siècle, cette maladie due au Morbillivirus était la première cause de mortalité infantile et, tout comme pour le Covid 19 aujourd’hui, les autorités étaient donc très attentives lorsqu’elles étaient informées de l’existence d’un foyer d’infection.
               C’est ainsi que le 12 octobre 1884 le Sous-Préfet de St Gaudens écrit au Maire de Trébons :
« Monsieur le Maire, je suis informé que la rougeole sévirait parmi les enfants de votre commune.
Je vous prie de me donner des renseignements à ce sujet et de vous concerter avec M. le Médecin cantonal à l’effet de savoir s’il est nécessaire de faire fermer momentanément l’école publique.
Cette mesure doit être prise d’urgence dans le cas où l’épidémie présenterait quelque caractère de gravité.
Agréez, Monsieur le Maire, l’assurance de ma considération très distinguée ».

               Le Maire répond immédiatement au Sous-Préfet dans une lettre datée du 15 octobre 1884 :
« M. le Sous-Préfet, suivant votre désir exprimé dans votre lettre du 12 courant, j’ai l’honneur de vous exposer que sept enfants de la commune qui fréquentent l’école publique ont été atteints de la rougeole et la contagion s’est propagée à tous les autres enfants plus jeunes mais nous n’avons à enregistrer aucun décès.
Tous les enfants, dans le moment, sont hors de danger.
L’école publique n’a pas été fermée par la bonne raison que tous les élèves malades l’ont été à la fois et que ceux qui avaient déjà eu la rougeole dans le passé ont pu continuer de la fréquenter sans inconvénient.
Si, cependant, la maladie reprenait et si elle présentait quelque caractère de gravité je vous en informerais aussitôt et me concerterais avec M. le Médecin cantonal ».


               La situation ne semble donc pas avoir connu localement de suites dramatiques mais l’inquiétude était bien réelle car il faut rappeler qu’à cette époque, même dans les petites vallées pyrénéennes les plus reculées on n’était pas à l’abri d’une atteinte par les virus : entre le 15 juillet et le 1er septembre de la même année 1884, à quelques kilomètres de là,  le cholera avait contaminé 91 personnes dont 53 étaient décédées entre les villages de Milhas et de Soueich.

La création d’une bibliothèque scolaire en 1891

               Dernier acte connu de la vie de l’école de Trébons, la création d’une bibliothèque scolaire à la demande de l’Inspecteur primaire de St Gaudens.
               Dans une délibération du 1er février 1891, « le maire engage le conseil municipal à entrer dans la voie tracée par les efforts de l’administration scolaire et à voter une petite somme destinée à approuver le principe de cette création ».
« Le Conseil, considérant que la lecture des bons ouvrages est un excellent moyen d’éducation populaire mais que la commune de Trébons est absolument pauvre et qu’elle ne peut s’imposer de lourds sacrifices, vote un crédit de dix francs à l’effet d’établir en principe la création d’une bibliothèque populaire ».
               On a vu parfois dans ses délibérations le conseil municipal manifester davantage d’enthousiasme pour un projet dont le caractère scolaire ne lui semble sans doute pas justifié mais dont il veut bien admettre l’utilité en tant que moyen d’éducation populaire.

               Dans la commune voisine de Cazarilh, l’instituteur Louis Saubadie décrivait pourtant en 1886 l’intérêt d’un tel équipement qui justifiait d’ailleurs un local spécifique au premier étage de la construction de la maison d’école qui était en cours :
« Cette bibliothèque fut créée en 1878, une souscription et un vote du conseil municipal formèrent le premier fonds et M. le Ministre de l’Instruction accorda en 1879 une concession de livres. Aujourd’hui nous possédons 80 ouvrages divers qui sont lus régulièrement tous les hivers. En l’année 1884, il y a eu 96 prêts sur 27 familles que compte le village, soit en moyenne plus de 3 ouvrages par ménage ».

               Répondant sans doute également à la sollicitation de l’Inspecteur primaire, la commune de Bourg d’Oueil, convaincue des « avantages qu’il y aurait pour les habitants de la commune de posséder une bibliothèque scolaire, tant au point de vue intellectuel comme moral », délibère ainsi le 7 février 1892 :
« Considérant que les moyens de répandre l’instruction doivent préoccuper d’une manière toute spéciale les représentants d’une localité, ceux-ci s’étant toujours inspirés de cette ligne de conduite et ne voulant pas en départir, accorde pour cette création dix sapins pris dans la forêt d’Eitrére. Ces sapins, que nous sollicitons de la bienveillance de l’administration forestière, seront vendus par la diligence de M. le Maire et le montant sera versé entre les mains de l’Instituteur chargé par le conseil des fonctions de trésorier afin de hâter la création de la bibliothèque scolaire ».

La retraite de l’institutrice en 1897

               Après 40 ans, 8 mois et 28 jours de bons et loyaux services, Anne-Marie Laurens prend sa retraite le 1er octobre 1897 à l’âge de 62 ans. Elle percevra une retraite d’un montant de 948 francs (JO du 21/02/1898).
               Son mari, Alexis Laurens, âgé de 57 ans, sera en retraite deux ans plus tard, le 1er juin 1899 après 37 ans, 6 mois et 17 jours de service. Bien qu’ayant eu une carrière plus courte, il percevra une retraite de 1200 francs soit 25% supérieure.
               Au recensement de 1896, le couple habite Trébons et ils ont une jeune domestique de nationalité espagnole, Thérèse Saoum, âgée de 16 ans. Trébons ne compte plus que 44 habitants dont seulement six enfants d’âge scolaire, et deux enfants de moins de six ans (Mathieu Raygot et Louise Bénadet).

               Avec si peu d’enfants, comment imaginer que l’école survive à la retraite de l’institutrice ?
               Bien sûr celle-ci disait en 1886 qu’elle voyait « accourir à son école des élèves des communes voisines » mais on peut en douter quand on regarde qui étaient les instituteurs de ces communes :
               – Louis Saubadie à Cazarilh était déjà un instituteur reconnu, considéré comme une sorte de savant ; enfant du village où il était né le 6 juin 1854, l’hommage qui lui sera rendu dans la Revue de Comminges à sa mort en 1835 se terminera par ces mots : « sa vie fut aussi simple que bien remplie, toute consacrée aux enfants, à la science, à ses semblables et à sa famille ».
               – Jean-Marie Vidailhet à Saccourvielle était le frère d’Anne-Marie Laurens, issu d’une famille sans doute très estimée car leur père avait été instituteur à Saccourvielle de 1827 à 1857, date de son décès.
               – Alexis Laurens à St Aventin n’était autre que le mari d’Anne-Marie Laurens et également secrétaire de mairie comme ses deux collègues de Cazarilh et Saccourvielle.

               Dans ces conditions, on peut douter de cet afflux d’élèves vers l’école de Trébons, à moins qu’il ne s’agisse de quelques filles attirées par la présence d’une enseignante, mais c’est peu probable car dans les écoles mixtes tenues par des instituteurs officiait en principe une femme qui « dirigeait les travaux à l’aiguille » comme c’était le cas par exemple à Benqué avec l’épouse de l’instituteur.

               Dix ans plus tard, au recensement de 1906, Trébons compte encore 45 habitants dont le couple Laurens avec une « fille de service » de nationalité espagnole, Raymonde Salanova, 28 ans, qui « travaille la terre ». Il n’y a plus que deux enfants de six ans (Charles Bénadet et Roger Oustalet nés en 1900) et deux enfants de moins de six ans (Jeanne Oustalet née en 1904 et Louis Mariette né en 1903). Ces quatre enfants seront les seuls d’âge scolaire à Trébons au recensement de 1911 où la population sera tombée à 35 habitants.
               Sur le registre d’appel de l’école de Cazarilh pour l’année scolaire 1920-1921, il y a quatre enfants de Trébons : Simon et Jean Mounic, Noémie Sansuc et Jeanne Laurens.

6 – La construction d’une école : la « concurrence » du chemin vicinal

              Alors que la quasi-totalité des petites communes des vallées d’Oueil et de Larboust ont profité des crédits d’Etat alloués à partir de 1878 pour construire leur école, comment expliquer que la commune de Trébons n’ait jamais envisagé une telle opération ?
               Il est vrai qu’à cette époque le besoin n’existait pas vraiment dans la mesure où l’école fonctionnait de manière tout à fait satisfaisante dans la maison de l’institutrice à qui la commune versait un loyer symbolique de 40 francs par an.
               Il faut aussi dire que pour construire une école, il fallait que la commune apporte une contribution financière prise sur ses ressources propres… or pendant toute cette période la commune était confrontée à un problème majeur de financement, celui de la construction du chemin vicinal n°1 reliant le village à la Route Thermale.
              La Route Thermale reliant Bagnères de Bigorre à Bagnères de Luchon avait été ouverte en 1846 et la commune avait dû participer à sa construction car, s’agissant d’un « chemin de grande communication », les expropriations nécessaires étaient mises par la loi à la charge des communes riveraines.
Très vite se posa ensuite la question de la liaison entre le village de Trébons et cette route car le seul accès au village se faisait par un sentier muletier. Dans un premier temps, en 1870, le conseil municipal s’y opposa en faisant valoir que « l’ancien chemin était plus que suffisant pour la commodité de la commune de Trébons ».
              Mais ce projet est rapidement apparu comme inéluctable d’autant plus que les intérêts des deux communes de Trébons et de Cazarilh se trouvaient étroitement liés. S’engage alors à partir de 1880 une longue bataille qui va durer plus de 25 ans où les questions de financement des expropriations et des travaux seront permanentes, entre demandes de subventions et tentatives pour que la commune de Cazarilh prenne en charge une partie des travaux.
              C’est ainsi qu’en 1905, il reste encore 285 m de route à construire pour un montant de 4000 francs auquel la commune devrait participer pour 818 francs. Dans une délibération du 10 mars 1905, le conseil municipal indique qu’il ne peut pas envisager de « couvrir par un rôle volontaire cette somme de 818 francs sans compromettre les intérêts agricoles. » Pour preuve de sa bonne volonté, il s’engage à prendre à sa charge sous forme de journées de prestation volontaires l’entretien annuel de tous les chemins, et il conclut ainsi sa demande : « Nous avons le ferme espoir que l’administration compétente prendra en considération notre pénible situation et nous accordera les subventions nécessaires pour terminer notre principal chemin ».

               Tant que cette question vitale de chemin n’avait pas été résolue, on peut comprendre que la commune ne pouvait pas envisager de construire une école dont le besoin avait d’ailleurs pratiquement disparu puisqu’il ne restait au recensement de 1906 que deux enfants d’âge scolaire.
               Les rares enfants de Trébons se rendaient donc à pied à l’école de Cazarilh, bénéficiant pour cela du chemin vicinal n°3 qui avait été entièrement financé par la commune de Cazarilh depuis la sortie est du village de Trébons (donc sur le territoire de Trébons) dans le cadre des rudes négociations qui avaient eu lieu entre les deux communes sur le financement des chemins permettant de relier Cazarilh à la Route Thermale.

               Mais en 1952 cette dépendance restait encore mal vécue par les habitants de Trébons et il existait manifestement une certaine nostalgie de l’école de Trébons que le maire, Roger Oustalet, né en 1900, n’avait pourtant pas connue.
              C’est pourquoi le conseil municipal prend le 15 octobre 1952 une délibération reprenant les arguments climatiques qui avaient déjà été utilisés un siècle plus tôt :
« Il a été décidé de demander à M. le Préfet de la Haute-Garonne une subvention la plus importante que possible, vu que la commune est très pauvre, sans ressources, pour la construction d’un bâtiment à usage scolaire dans la commune de Trébons de Luchon.
En effet si la faiblesse des effectifs scolaires avait déterminé la fermeture de l’école de Trébons qui était un local particulier, les nouveaux effectifs s’élevant à neuf enfants pour 1952 et les années courantes imposeraient la création d’une école dans le village.
D’autre part la longue durée de la mauvaise saison de novembre à fin avril provoque une mauvaise fréquentation, les communications avec Cazarilh étant pratiquement impossibles pour les jeunes enfants. La distance de 1 km 500 qui paraît faible est cependant aggravée par la différence de nivellement, le mauvais entretien de la route qui n’est jamais déneigée et qui présente de sérieux dangers pour de jeunes enfants ».


               Il n’y aura bien sûr aucune suite à ce qui relevait plutôt d’un baroud d’honneur que d’un véritable projet, et les enfants de Trébons continueront à aller à Cazarilh jusqu’à la fermeture de l’école en 1966 alors qu’il n’y avait plus que 4 élèves.

7 – Les relations tumultueuses avec Cazarilh : école, chemin et projets de fusion


              Entre ces deux minuscules villages si proches on aurait pu imaginer des rapprochements imposés par la raison et par une communauté de destin pour faire face aux dures réalités montagnardes. A travers l’histoire de l’école, on découvre une relation qui s’est toujours établie sur la base d’une concurrence plutôt que celle d’une coopération.
               Déjà, au moment de la Révolution, on peut se demander pourquoi avoir créé deux communes distinctes alors que Trébons n’avait que 63 habitants. Cazarilh qui en comptait trois fois plus était le siège de la succursale de l’église. Le curé qui habitait le presbytère desservait aussi l’église de Trébons qui n’était qu’une annexe. Loin d’être un facteur d’union, cette dépendance ecclésiastique symbolisait pour la commune du haut, Cazarilh, une forme de domination sur celle du bas, Trébons, dont les habitants auront toujours à cœur de montrer leur indépendance…

               On a vu que l’école avait été un enjeu permanent malgré la distance très réduite séparant les deux villages qui souhaitaient chacun disposer d’un instituteur. Après la construction de l’école de Cazarilh en 1886, et dans un contexte démographique en berne, les attentes de Trébons se sont sans doute dissipées, mais elles ont ressurgi en 1952 !
               De même, l’histoire de la construction de la route montre à quel point cet axe de communication essentiel pour les deux communes a été un sujet de conflit comme le raconte Louis Saubadie dans sa monographie de 1886. D’abord pour les cazapenois qui auraient souhaité la création d’une route côté est en direction de Moustajon pour atteindre directement Luchon. Ensuite pour les trébonsois qui exigeaient une participation financière de Cazarilh pour un chemin dont ils allaient partager l’usage. L’affaire allait durer plus de 25 ans !
               On comprend ainsi que les différentes tentatives de fusion initiées par les autorités en 1846, 1853 et 1943 n’aient jamais pu aboutir. Cette opposition était assez logique pour Cazarilh qui aurait certes été le siège de la communauté fusionnée mais ne souhaitait sans doute pas partager ses richesses… Elle l’était également pour Trébons qui y aurait perdu son indépendance mais n’avait pas d’autre argument que celui des chutes de neige hivernales sur un secteur où l’exposition plein sud rendait pourtant très éphémères les éventuelles difficultés de communication !
               L’histoire plus récente ne développera pas non plus de velléités de coopération. Bien que la population ait fondu comme neige au soleil, Trébons (13 habitants en 1968) construira en 1971 sa mairie et Cazarilh (17 habitants en 1982) reconstruira la sienne quelques années plus tard. Avec la bénédiction et les subventions de l’Etat et du Département.

              Il est très improbable que les dernières élections qui ont donné lieu à l’installation d’un conseil municipal dans chacune de ces deux communes puissent apporter le moindre changement à cette situation… sauf à espérer que les conséquences dramatiques de la crise du coronavirus obligent enfin à développer de nouvelles formes de solidarité.

8 – Les gais villageois de Trébons en 1886

              Pour conclure cette étude, on a envie de mieux connaître les habitants de ce petit village qui, comme le dit Anne-Marie Laurens, « ont su s’imposer à toutes les époques des sacrifices pour l’instruction de leurs enfants ».
              On trouve dans la monographie de l’institutrice un regard bienveillant sur cette population dont elle partage l’existence et dont on peut penser qu’elle envie un peu les plaisirs et la joie de vivre…
               « Le village ne compte que soixante-quatre habitants, dix maisons et dix ménages. La commune de Trébons est loin d’être dépourvue de ressources ; on y cultive avec succès le blé, le seigle, le millet, du sarrasin, des pommes de terre et en abondance des légumes. Ça et là s’élèvent quelques arbres fruitiers : pommiers, pruniers, poiriers, noyers, cerisiers.
              Le long de l’One s’étendent de riantes et grasses prairies qui donnent des fourrages en abondance. Aussi les habitants s’adonnent-ils à l’élevage du bétail à cornes. Pendant l’été, ils l’envoient aux montagnes de Saint-Aventin sur lesquelles ils ont un droit de pacage. Durant l’hiver, le bétail séjourne dans les granges foraines de Soupère et surtout de Houga, tout en ayant soin de retenir au village les vaches laitières. Tous les matins, les jeunes filles et au besoin les mères de famille descendent le lait à Luchon avec d’immenses marmites portant comme Perrette cotillons courts et souliers plats et comme elle aussi voyant parfois leurs rêves s’évanouir par terre. Avec la vente du bétail et des veaux, on peut dire que le lait constitue l’unique industrie des habitants de Trébons.
              Les habitants grâce à la température douce dont on y jouit malgré l’altitude de 800 mètres, et à la saine et abondante nourriture qu’ils se procurent, ont une santé robuste et florissante ; ils sont d’un caractère gai et ouvert, un peu Nomades. La proximité de Bagnères-de-Luchon, l’habitude de vivre dans les granges foraines, les entraînent loin du village. Les dimanches et jours de fêtes les maisons sont à peu près désertes, aussi bien que dans la semaine, ils vivent à leurs travaux et à leurs plaisirs. C’est une confiance aveugle dans la Providence ; non contents d’abandonner les maisons, ils laissent encore les portes ouvertes, et pourtant jamais de vols dans ce village où la probité est en honneur. Peut-être n’est-il pas inutile d’ajouter que chacun vit sur ses terres et jouit d’une certaine aisance ».


               Quel plus bel hommage que de lui laisser ainsi le dernier mot avec pour illustration une photo prise alors qu’elle était en retraite depuis quelques années. On l’imagine à sa fenêtre, dans la maison bleue, regardant avec fierté ce village dont elle avait pendant 29 ans instruit tous les enfants !

Sur cette carte postale du début du 20ème siècle,  on voit les deux maisons qui ont servi d’école à Trébons : en jaune la maison Sacome et en bleu la maison Laurens

Sources : Archives numérisées de la Haute-Garonne
Monographies des communes des vallées d’Oueil et de Larboust (1886)
Registres d’état civil – Recensements  de la population
Délibérations et correspondances des conseils municipaux
Article au format PDF pour impression