Le rapport Garroute (1864)

SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE

SESSION EXTRAORDINAIRE – TOULOUSE JUILLET 1864

Extrait du rapport de M. l’abbé Garroute sur l’herborisation faite le 19 juillet à ST Aventin et à Cazaril.

La fontaine ferrugineuse de Trébons

    … Nous arrivâmes enfin à de nouvelles prairies et nous nous disposions à les envahir lorsque nous nous aperçûmes qu’elles venaient d’être soumises à un système d’irrigation générale qui ne nous promettait qu’une fraicheur inutile, sans nous dédommager par quelque plante rare.

    … Peut-être eussions-nous pu récolter le Laserpitium Nestleri S. – Will. dans une prairie voisine, mais la faux y avait passé quelques jours auparavant et n’avait rien respecté.

    Je sais du reste par expérience que les propriétaires des environs aiment médiocrement les botanistes et j’ai pu me convaincre des efforts d’un des possesseurs de ces prairies pour détruire, non loin de la fontaine ferrugineuse de Trébons, le Lysimachia Otani Asso. Cette belle plante lui attirait trop de visiteurs à l’époque de ses foins, honneur qui lui devenait préjudiciable. Mais en dépit de ses efforts, leLysimachia reparaît toujours. D’ailleurs les botanistes ne doivent pas s’alarmer, car cette jolie primulacée s’est choisi, au mont St-Aventin, une station où elle est à l’abri de la faux et où nous la retrouverons bientôt.

La tour de Castel-Blancat

    … Notre récolte terminée et soigneusement logée dans nos boîtes, nous nous dirigeâmes vers Cazaril.

Le sentier qui y conduit passe à quelques mètres au-dessous de la tour de Castel-Blancat, dans la commune de Trébons.

    Lorsqu’on parcourt la chaîne des Pyrénées, de Port-Vendres à Bayonne, il n’est pas rare de rencontrer les ruines de quelques-unes de ces tours. Sur certains points elles sont même nombreuses, à l’extrémité des contre-forts des Albères, à Banyuls-sur-mer par exemple. Trop peu fortifiées pour servir de retraite ou de défense, elles semblent plutôt, par leur position, avoir servi de point de surveillance. Situées en effet au haut des vallées, elles forment autant de sentinelles avancées, chargées de veiller sur les cols ou passages des Pyrénées. Elles correspondent avec d’autres plus centrales qui recevaient sans doute, en temps de guerre, les signaux et les transmettaient au point où les forces étaient concentrées. Il serait difficile peut-être d’indiquer l’époque précise de leur construction ; quelques auteurs la font remonter aux temps de la lutte des Gaulois et des Romains ; d’autres à l’invasion des Sarrazins ou même à des temps moins reculés.

   Quoi qu’il en soit, la tour qui domine la vallée de Larboust a appartenu à ce système de tours-signaux. Elle n’offre plus que des murs en ruines…