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Photo de classe 1926

Les élèves de l’école de Cazarilh-Laspènes en 1926

Photo classe 1926c

Premier rang : Bertrand MAYA, Suzanne MAYA, Marie-Louise (Lili) LAFFORGUE
Deuxième rang : La maîtresse, Pierrette CRISTAU, Henri LAFFORGUE, Maurice FAIBUS, Gabrielle LAFFORGUE, Rose LAFFORGUE, Jeanne LAURENS, Gabriel LAFFORGUE
Nota : tous les élèves du deuxième rang étaient déjà scolarisés à l’école de Cazaril en 1920-1921

 

 

 

L’année scolaire 1942-1943

Etude des archives de l’école de CAZARILH-LASPENES – Texte rédigé par D. Gauchon – Juillet 2014

L’année scolaire 1942-1943 vue à travers le registre d’appel journalier

La tenue du registre d’appel journalier est un acte administratif instauré par la loi Jules Ferry du 28 mars 1882 afin de veiller au respect de l’obligation scolaire. Ce registre est renseigné deux fois par jour par l’instituteur qui au début de chaque demi-journée  doit faire l’appel de ses élèves et noter les absences sous une forme normalisée : – pour le matin, ৷ pour l’après-midi et donc + pour la journée entière. Il note également le motif des absences.

Ainsi renseigné, le registre d’appel donne de nombreuses informations sur la vie de la classe : le calendrier de l’année scolaire, l’organisation pédagogique de la classe et son évolution au cours de l’année, les raisons des absences des élèves et du maître, la fréquentation individuelle et collective des élèves…

Le calendrier de l’année scolaire

 En 1942-1943, l’année scolaire se déroule du 2 octobre au 12 juin, soit une amplitude réduite de 7 semaines par rapport à l’année scolaire standard de l’époque. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette réduction :
–              une note de service datant de 1941 préconisait déjà un allègement du travail scolaire en juillet afin d’éviter aux élèves des fatigues que la sous-alimentation risquerait de rendre préjudiciable à leur santé ;
–              mais aussi pour les écoles rurales dont les élèves sont susceptibles de participer utilement aux travaux de champs… C’est sans doute le constat d’une réalité mais c’est aussi l’affirmation d’un choix politique de la part d’un gouvernement dont la devise est « Travail, Famille, Patrie »

Malgré cela, la durée annuelle effective de classe est de 972 heures soit encore 15% supérieure à la durée actuelle qui est théoriquement de 864 heures (sans tenir compte de certains jours fériés non inclus dans les congés périodiques).

1942-19432014-2015
RéférenceRegistre d’appel journalier - Ecole de CazarilhAcadémie de Toulouse - Semaine de 4,5 jours
Année scolaire2 octobre au 12 juin2 septembre au 4 juillet
Congès (en équivalent jours de classe)Toussaint : 1 jour
Noël : 10 jours
Mardi-gras : 3 jours
Pâques : 10 jours
Total : 24 jours de classe
Toussaint : 9 jours
11 novembre : 1 jour
Noël : 9 jours
Hiver : 9 jours
Printemps : 9 jours
1er mai : 1 jour
8 mai : 1 jour
Ascension : 1 jour
Pentecôte : 1 jour
Total : 41 jours de classe
Organisation de la semaineLundi, mardi, mercredi, vendredi, samedi
soit 5 journées complètes
Lundi, mardi, mercredi matin, jeudi, vendredi
soit 4,5 jours
Durée en semaines34 semaines de 30 h36 semaines de 24 h
Durée en jours de classe162 jours soit 324 demi-journées180 jours soit 324 demi-journées
Heures de classe972 h864 h

L’organisation pédagogique de la classe

On distingue en début d’année scolaire trois groupes d’élèves (cours préparatoire, cours moyen 1ère année et 2ème cycle 1ère année correspondant au cours de fin d’études) mais cette organisation semble évoluer en cours d’année :
–          en janvier le cours préparatoire est scindé en deux groupes : cours préparatoire 2ème année et cours préparatoire (où sont inscrits deux enfants ayant moins de 6 ans) ;
–          en mars, les élèves de cours préparatoire simple se retrouvent sous l’appellation section préparatoire.

On peut penser que l’enseignant manifeste ainsi le souci de s’adapter au rythme de progression de ses élèves, ayant associé dans un premier temps les élèves de moins de 6 ans aux activités du CP, avant de leur proposer des activités spécifiques à partir du mois de janvier..

Les absences du maître de la classe

Aucune absence du maître n’est signalée au cours de cette année scolaire.

Les absences des élèves

Le taux moyen d’absence est inférieur à 15% ce qu’il faut relativiser du fait que l’année scolaire se termine le 12 juin, avant la période habituellement propice à la participation des élèves aux travaux des champs. Il est fait seulement trois fois mention d’absences d’ailleurs assez brèves pour travaux aux champs et aide aux parents.

A signaler deux élèves de plus de 14 ans qui étaient inscrits et ne sont pas venus, ainsi qu’une élève qui a quitté l’école fin février pour le motif suivant : « A quitté l’école (plus de 14 ans) pour travailler chez elle ». Il est peu probable que ce soit pour poursuivre ses études, mais évidemment pour aider ses parents !

Les absences pour maladie apparaissent peu nombreuses, se situant pour la plupart en février (grippe, rhume, maladie avec un total en février de 124 demi-journées sur 224 pour l’année).

Il n’est pas mentionné que la neige et le froid aient perturbé le fonctionnement de la classe, pas plus que les éventuelles fêtes locales, mais il est vrai qu’au cours de l’année 1942-1943, aucun élève habitant Trébons ne fréquentait l’école de Cazarilh.

Tableau de synthèse des informations contenues dans le registre d’appel journalier de l’année scolaire 1942-1943

 

Obligation scolaire

Etude des archives de l’école de CAZARILH-LASPENES – Texte rédigé par D. Gauchon – Juillet 2014

 Le registre d’appel journalier au service de l’obligation scolaire

Les lois relatives à l’obligation scolaire

La loi Jules Ferry du 28 mars 1882 stipule (article 10) que lorsqu’un  enfant manque momentanément l’école, les parents ou les personnes responsables doivent faire connaître  au directeur ou à la directrice les motifs de son absence.
Les directeurs et les directrices doivent tenir un registre d’appel qui constate, pour chaque classe, l’absence des élèves inscrits. A la fin de chaque mois, ils adresseront au maire et à l’inspecteur primaire un extrait de ce registre, avec l’indication du nombre des absences et des motifs invoqués.
Les motifs d’absence seront soumis à la commission scolaire. Les seuls motifs réputés légitimes sont les suivants: maladie de l’enfant, décès d’un membre de la famille, empêchements résultant de la difficulté accidentelle des communications. Les autres circonstances exceptionnellement invoquées seront également appréciées par la commission.

La loi du 11 août 1936, reproduite sur le registre d’appel journalier 1942-1943, renforce le dispositif en demandant à chaque instituteur de tenir un registre d’appel et en instaurant un livret scolaire mentionnant notes, absences et motifs invoqués qui doit être visé chaque mois par le responsable de l’enfant. Par contre l’extrait du registre d’appel doit seulement être envoyé chaque trimestre à l’Inspecteur primaire.

La loi du 22 mai 1946 reprend les mêmes dispositions en y ajoutant un arsenal répressif conséquent en cas de non respect de l’obligation scolaire :
–          pour les responsables de l’enfant, pouvant aller au tribunal correctionnel ainsi que un à cinq ans de privation des droits civiques, civils et de famille ;
–          pour les instituteurs et directeurs d’école pouvant aller jusqu’à trois mois de suspension pour les enseignants publics et l’interdiction d’enseigner pour les enseignants privés ;
–          pour quiconque admet, pendant les heures de classe, dans une salle de spectacle ou dans un lieu public, un enfant d’âge scolaire ;
–          pour quiconque, d’une façon habituelle, emploie à son service, pendant les heures de classe, un enfant soumis à l’obligation scolaire.

Il est même précisé que « lorsqu’un enfant d’âge scolaire est trouvé par un agent de l’autorité publique dans la rue, dans une salle de spectacle ou dans un lieu public sans motif légitime pendant les heures de classe, il est conduit immédiatement à l’école où il est inscrit » !

Les registres d’appel journaliers de l’école de Cazarilh

En reproduisant  sur le registre d’appel de larges extraits de la loi du 22 mai 1946, nul doute qu’il s’agit de mobiliser le corps enseignant pour combattre le fléau d’un absentéisme scolaire qui pour l’école de Cazarilh est déjà mentionné à hauteur de 17% dans la monographie de Louis Saubadie (un sixième des présences possibles en 1886) et atteint même  24% au cours de l’année 1920-1921. L’absentéisme à l’école de Cazarilh était certes revenu à un taux de 15% pendant l’année 1942-1943 mais ce chiffre n’est sans doute pas significatif en pleine période de conflit et le manque de bras dans les campagnes au lendemain de la guerre justifiait une grande vigilance.

La lecture des registres d’appel journaliers montre qu’un grand soin était apporté à leur tenue à toutes les époques, même dans une petite école rurale comme Cazarilh et même dans une période troublée. Il s’agit de l’une des obligations administratives majeures des enseignants et son importance est attestée par la signature apposée sur ce registre par l’Inspecteur primaire lors de ses visites (12/3/1921, 14/4/1959, 11/10/1961 et 4/2/1966).
Il est vrai qu’il ne s’agit pas seulement du contrôle de l’obligation scolaire mais d’une donnée administrative essentielle de la vie de chaque école :
–          la trace juridique de la fréquentation scolaire d’un enfant (preuve du respect de l’obligation scolaire, pour être apportée par exemple en cas de conflit entre parents séparés) ;
–          la connaissance du nombre précis d’enfants qui fréquentent l’école afin de déterminer le montant de l’allocation scolaire (exemple des Fonds Barangé ou des subventions municipales) mais aussi le nombre de classes de l’école.

Les tours « à signaux »

Extrait d’un article publié en 2013 dans la « Revue de Comminges » par la Société des Etudes du Comminges
(reprise d’une communication faite en 1988 au congrès de Najac et publiée en 1990 dans la revue Château-Gaillard)

 Les tours à signaux des Pyrénées garonnaises

 Les Pyrénées garonnaises dressent leurs sommets à la frontière franco-espagnole à plus de 3 000 m d’altitude. Les principales vallées qui s’y enfoncent du nord au sud aboutissent à des cols ou à des ports très élevés, telle la vallée de la Garonne, celles de la Pique et de la Neste (vallée d’Aure). D’autres comme le Val d’Oô ou le Val du Louron se terminent presque en cul-de-sac. Ces vallées auxquelles il faudrait ajouter le Larboust, le Val d’Oueil et la Barousse ont appartenu au Moyen Age soit au comté de Comminges soit à la vicomté d’Aure.

Elles abritent encore un certain nombre de tours assez bien conservées : six dans la vallée de la Garonne en aval du Pont-du-Roi, cinq en Val Louron et en vallée d’Aure, quatre dans le Luchonnais, deux en Barousse et deux à proximité de Saint-­Bertrand-de-Comminges. Ces chiffres ne rendent pas compte du nombre réel des tours ayant existé et que la documentation écrite permet de retrouver: en Luchonnais il faudrait les multiplier par deux, en vallée d’Aure par trois.

Ces tours attirent l’attention des archéologues et des historiens depuis le XIX siè­cle. Elles ont été interprétées comme des tours de guet ou des tours à signaux et mises en relation avec le péril musulman d’au-delà des Pyrénées, et donc datées des VIII-IX siècles. Cette interprétation s’alimente à une tradition vivace, celle des « saints martyrs » pyrénéens honorés dans le piémont (Cizi, Vidian, Gaudens) et en montagne où Aventin aurait été retenu captif dans les « oubliettes » de Castelblancat. Après le XI siècle, elles auraient joué le même rôle d’alerte face à l’Aragon.

Mais, contrairement aux Pyrénées orientales, les Pyrénées garonnaises n’ont laissé aucun témoignage sur l’utilisation d’un réseau de tours à signaux à quelque époque que ce soit, ni sur un éventuel système d’alerte (feu sur la plate-forme sommitale?). Par ailleurs, l’hypothèse d’un tel réseau se heurte à plusieurs objections.

Les vallées en question connaissent souvent une forte nébulosité qui eût rendu bien aléatoire l’utilité de signaux quels qu’ils fussent, surtout pour les tours les plus élevées: Garin est à 1200 m, Gouaux-de-Larboust à 1300 m d’altitude. D’autre part, certaines tours de la même vallée ne peuvent pas communiquer entre elles, séparées qu’elles sont par des éléments du relief. D’autres sont situées dans des vallées terminées par des pentes abruptes et si difficiles d’accès à partir de l’Espagne qu’on les imagine mal servant de routes d’invasion, telles le Val du Louron ou le Val d’Oô.

Ce qui n’est pas le cas, il est vrai, des grandes vallées de la Garonne, de la Pique et de la Neste, où le danger d’invasion est évoqué jusqu’au début du XIX siècle et donne lieu à des travaux de remise en état des défenses.

 

Dernière objection : l’existence et le fonctionnement d’un réseau d’alerte supposent l’existence et le respect d’une autorité politique commune. Or si en vallée d’Aure l’autorité des vicomtes, et au-dessus d’eux celle des comtes de Bigorre, semble réelle dès le XIIsiècle, on ne peut en dire autant des vallées du Comminges qui sont alors bien absentes de l’histoire du comté et que semblent se partager des familles sei­gneuriales : les Saint-Aventin, Saint-Paul, Bezins, Estenos, Saint-Béat. Il faut attendre le XIII siècle et même le siècle suivant pour voir s’y exprimer une autorité supérieure, comtale puis royale.

On doit donc se tourner vers une autre interprétation. La toponymie est sans équivoque: les noms Castelblancat (Saccourvielle), Castelbert (Valcabrère), Castelfort (Burgalays), Castelvieil (Luchon), Castech (Moustajon), Turon del Castet (Lège) et Castet (Oô) renvoient à des châteaux. Et les documents modernes (XVII-XVIII siècles) confirment que ces tours appartiennent bien à des châteaux et qu’elles en sont les donjons.

Reste aussi à comprendre pourquoi ces tours ont été interprétées comme des « tours à signaux ». Une partie de l’explication réside dans leur isolement qui a surpris les historiens des XIX-XX siècles. Elles se dressent en effet en bordure des villages, plus ou moins éloignées selon les cas mais toujours en position marginale.

Par ailleurs, le mythe des tours à signaux est fils de son époque et contemporain de l’invention du télégraphe Chappe qui était entré en fonctions en 1794 lors de l’invasion de la frontière nord de la France par les Autrichiens. La tentation était grande pour les historiens régionaux du XIX siècle, qui ne bénéficiaient pas des connaissances actuelles, de reproduire le schéma du télégraphe Chappe, de le projeter dans le passé et de rapprocher le prétendu danger musulman sur la frontière des Pyrénées à l’époque médiévale, dont le souvenir vivace des « saints militaires » pyrénéens ne permettait pas de douter, de la présence de nombreuses tours. Ils n’y résistèrent pas. D’autres après eux vinrent qui, par respect pour leurs prédécesseurs ou par facilité, se contentèrent de reprendre leurs affirmations…